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IL ETAIT UNE FOIS EN CASTAGNICCIA
UN TERRITOIRE, UN ROYAUME
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La
Castagniccia est une région montagneuse constituée de roches
volcaniques. Cette "Corse Alpine", est limitée par deux rivières: le
Golu au nord, le
Tavignanu au Sud.
Recouverte de
châtaigniers, la Castagniccia est dominée par le San Petrone
qui culmine à une altitude de
1768 mètres. Elle s'étend sur une superficie de 14.782 hectares
et compte
38 communes dispersées en un nombre surprenant de villages
et hameaux construits entre 200 et 800 mètres d'altitude.
Certains villages, comme
Morosaglia, Alando ou Orezza, ont illustré une
partie de la véritable histoire de la Corse. Tempi fà (an 1077), les
Toscans réorganisent l'île de Corse en 66 circonscriptions
religieuses et administratives ou "Pievi".
Chaque pieve, dirigée
par un prêtre et un "Giudice" (parfois le prêtre exerce aussi cette
fonction), est composée d'un village et de un à plusieurs hameaux.
Dans "l'en deçà des monts" ou "terra di comune", les
3 "Pievi" d'Orezza, d'Ampugnani et d'Alisgiani constituent la
micro région de la Castagniccia ou "petite Castagniccia". Ces anciennes "pievi"
sont aujourd'hui les trois cantons de France qui possèdent le plus
grand nombre de communes et... le plus grand nombre de Maires !.
Après avoir été complètement
dépeuplée au Vème siècle par les invasions barbares (notamment Vandales et
Sarazins), les Génois, Pisans et Toscans repeuplent la Corse vers la fin
du X ème siècle. L'île est divisée en 6 évêchés: Mariana, Aleria,
Nebbiu, Aiacciu, Savona, Accia. La langue Corse est "Toscanisée", les noms
des lieux adoptent une toponymie Toscane.
Ce sont les Génois qui encouragent
et favorisent la culture de la châtaigne à la fin du Moyen Âge. En effet, par
une ordonnance du 28 août 1548, le gouverneur génois de Bastia ordonne
aux habitants de Corse âgés de plus de 20 ans de greffer ou de planter chaque
année cinq arbres fruitiers (mûriers, oliviers, figuiers, châtaigniers et
vignes) sous peine d'amende et de châtiment corporel pour chaque manquement. Les
raisons de ce choix sont claires: obtenir des produits exportables dont Gênes a
besoin. En définitive, tout le monde y trouvera son compte.
En 1607, les propriétaires
d'oliviers sauvages sont obligés de les greffer dans un délai de deux ans sous
peine d'amende. Des encouragements sont même prodigués sous forme de prêts pour
la plantation des cinq espèces désignées.
Très vite, dans une région schisteuse le châtaignier trouve son terrain de
prédilection et devient l'arbre à pain des paysans qui en font une des régions
les plus riches de Corse, la plus peuplée aussi.
Population du
canton
de VALLE
D'ALESANI
en 1850 |
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Valle d'Alesani |
673 |
Felce |
441 |
Novale |
374 |
Ortale |
340 |
Perelli |
463 |
Piazzali |
119 |
Pietricaggio |
401 |
Piobetta |
290 |
Tarrano |
329 |
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C'est vers la fin du XVIII ème
siècle qu'on assiste à une véritable explosion démographique qui malheureusement
s'avère très inégale puisqu'elle ne touche que les villes. La population des
villages de l'intérieur de l'île stagne puis commence à régresser. Commence
alors un lent mais inexorable exode de la vie agricole au profit d'un progrès
économique qui attire les populations rurales vers les villes ou le Continent.
La
Castagniccia dont la population avoisinait les
50.000 habitants avant 1914, compte à présent avec
tristesse, à l'ombre de ses ruines, le nombre de
volets clos sur les façades de ses maisons de pierre
aux toits d'ardoise grise.
Aujourd'hui la Castagniccia,
à la fois étonnante et bouleversante, berceau de l'histoire de la Corse au
XVIIIe siècle, terre de légende hantée par le souvenir de ces personnages qui
ont marqué l'histoire, est un "désert vert" dont nous acceptons mal le
redoutable déclin. |
Ces lieux qui furent le théâtre de grands évènements - comme au col
Saint-Antoine, non loin du village de La Porta, le couvent où Pascal Paoli
fut nommé « général de la nation » - ne sont plus que ruine et désolation.
L'ensemble des communes, regroupées
en SIVOM ont adhéré au parc régional naturel de Corse en 1990.
La création de gîtes ruraux,
l'ouverture des sentiers de randonnée, la reprise de l'exploitation des eaux
d'Orezza ont ralenti l'exode mais ne l'ont pas empêché.
Cependant, quelques irréductibles
villages résistent encore...
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