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IL ETAIT UNE FOIS EN CASTAGNICCIA
LA LEGENDE DE FUNTANA DI MORU
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Partout
en Castagniccia, le Parc Régional a créé et entretien des chemins qui
explorent la Corse en profondeur. Ce chemin, qu'on appelle la ronde des Fontaines reliait
autrefois les uns aux autres hameaux et villages environnants.
C'est entre Bonicardu et Sorbellu, par un sentier
qui court à travers la campagne verdoyante que l'on accède à ce lieu
magique que l'histoire et la légende ont confondu pour nous inciter à
faire la part du réel et de l'imaginaire avec cette simple question : Un
trésor se trouve-t-il enfoui à Funtana di Moru ?
Comme toutes les îles de la Méditerranée, la Corse a
été convoitée par de nombreux peuples. Les Maures (on ne dira Sarazins qu'à
partir du pontificat de Serge II de 1904 à 1911) sillonnent la Méditerranée.
Venus
d'Espagne et d'Afrique du Nord ils envahissent l'île à partir du VIIIe
siècle et pendant près de 300 ans vont la maintenir coupée
du continent, faisant régner la peur et l'anarchie.
Malgré leur bravoure, les Corses doivent faire appel à
l'Empereur Charlemagne pour obtenir de l'aide.
En 805, à la demande du pape Léon III, ce dernier y envoie une
flotte commandée par son deuxième fils Pepin pour leur porter secours.
Quand les Francs arrivent à
l'embouchure du fleuve de l'Alisgiani, ils forcent les Maures à se
replier vers Aléria qui est alors la capitale de la Corse et remportent une
victoire complète près d'une source à l'est de l'Alesani que les habitants
de Tarrano appellent toujours fontana dei Mori, tandis
que Charles et ses troupes campaient non loin de Perelli, près
d'une autre fontaine baptisée depuis fontana Carlone ou
fontana di Carlo, selon Pietro Cirnéo.
On raconte que le roi Maure Atim, ainsi qu'un grand nombre de
Musulmans. furent tués près de l'onda a i Sarracini.
En 809 et 810, les Maures, devenus récemment musulmans, ravagent Aléria et les îles
voisines; suivant leurs coutumes barbares, ils pillent et dévastent le pays
emmenant en esclavage toute la
population valide.
En 1077 Pise, avec l'aide de Gênes, mettra fin au chaos
en chassant les Sarrasins hors de Corse.
La
longue présence musulmane est attestée dans notre île par un
nombre impressionnant de toponymes tels que Morosaglia,
Morsiglia, Moriccio, Campo-Moro, Moriani. De nombreux patronymes
corses sont pareillement hérités des Mori : Moro, Moretti,
Morucci, Morati, Morelli, Morachini, Morazzani, etc...
En Castagniccia, non loin de Tarrano, quelques noms de lieux témoignent des traces de leur passage :
"Petra
Carlaia" à Piazzali, "Valle Carlaccia" dans la montagne de Muteri,
"L'onda di i Saracini" à Fiume Rosso ou encore "Funtana di Moru".
Cette fontaine où il n'y a pas si longtemps encore on allait
chercher l'eau, est située à mi-chemin entre les hameaux de Bonicardu et
de Sorbellu.
J'ai toujours entendu dire par les anciens de mon
village qu'une terrible bataille se livra entre Sarazins et Chrétiens à
l'endroit où coule la fontaine.
C'est là que les Maures se réfugièrent et
cachèrent le trésor qu'ils transportaient.
Tous les jeunes de Bonicardu ont cherché ce trésor...
Moi non plus, je ne l'ai pas trouvé mais je me
souviens de ce que me disait mon grand-père quand il voulait se faire
craindre : "Attenti, chi chjamù a Carlumagnone ! ".
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