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IL ETAIT UNE FOIS EN CASTAGNICCIA
I NOSTRI PAISANI
Les gens du village
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Comme toute l'île, la Castagniccia a profondément souffert de la
diaspora qui s'est accélérée à partir du second Empire vers la France
continentale et ensuite sous la IIIème République, vers les
colonies.
La grande guerre puis ensuite la seconde
guerre mondiale ont aussi lourdement contribué à l'affaiblissement
démographique des régions de l'intérieur.
La mobilisation d’août 1914 a vidé le département de ses
hommes valides : vingt-sept classes d'âge sont mobilisées au cours du premier
mois du conflit.
Sur une population totale de 290 000 individus, ce sont plus de 40000 Corses
qui rejoignent ainsi, dans les semaines suivantes, la ligne de front. Cette
absence massive et subite marque non seulement les esprits mais se répercute
également sur une économie locale principalement agricole et presque totalement
dépendante des importations. Dès les premiers jours presque tous les
travailleurs agricoles et les terres se trouvent complètement
abandonnées.
Au cours de la période de 1914 à 1918,
l'absence de tous ces bras valides, sera faiblement compensé par l'envoi en Corse
de près de 2000 prisonniers et internés civils de guerre (Allemands,
Turcs, Bosniaques, Austro-Hongrois) que la population va se disputer
mais qui ne sauront évidémment pas combler l’absence de plusieurs
dizaines de milliers de paysans corses dont un grand nombre ne
reviendront jamais.
Dans chaque village, un cénotaphe érigé sur la place
principale ou devant la mairie, une plaque apposée sur la façade de
l'église, sont autant de témoignages poignants qui rappellent sur de
longue liste les noms des soldats tombés au cours des combats.

Bustanico |

Felce |

Ortia |

Rapaggio |
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La Corse et
les deux guerres mondiales :
"La guerre de
1914-1918 affecte la Corse en
profondeur...
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Dans des villages aujourd'hui dépeuplés, les" anciens" se souviennent
et racontent :
Avant la guerre, la commune était prospère et les familles nombreuses.
Le travail était dur mais la main d'oeuvre ne manquait pas pour travailler la
terre.
Et puis la guerre est venue...
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En septembre 1943, la Corse est le 1er département
Français à être libéré.
Un mois après,
la mobilisation générale est décrétée et tous les Corses en âge de se
battre, sont appelés sans exception laissant les terres en friche et les
villages presque vides. |
Ils étaient nombreux en cette année de 1940 à se
réunir au col d'Arcarotta. Dans une ambiance presque feutrée, les
visages à peine éclairés par la faible lueur d'une lampe à pétrole qui
respectait les contraintes du couvre-feu, les hommes écoutaient tendus, les
dernières informations que crachotait le seul poste TSF du canton. Soudain
les visages s'éclairaient lorsqu'une voix qui semblait venir de très loin,
se faisait entendre : "Ici Londres, les Français parlent aux Français".
Nucenziu a entendu l'appel du 18 juin et l'a répercuté à tous les
habitants du canton :
"Un generale a chjamatù da Londra e a dettù di cuntinuà a lottà", a
dettu dinù : "
Des forces immenses n'ont pas encore donné!"...
I nostri paisani étaient et resteront pour toujours A Nostra memoria.
Ceux qui nous ont quitté avaient dans le coeur la fierté de leurs racines, ceux
qui restent ont au fond de leur regard la tristesse d'une époque révolue,
di un mondu ch'à cambiatu.
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